« Avec Allegria, l’idée c’est de chercher la poésie partout où elle se trouve, dans les corps des danseurs, dans le burlesque mais aussi dans la violence du monde. J’aime raconter avec légèreté ce qui se passe de grave dans le monde »
Kader Attou
Donner la parole aux corps pour sublimer une réalité.
Partir d’un minuscule geste du quotidien pour le faire s’envoler vers un subtil mouvement poétique.
Confronter les objets aux corps, partir de l’existant pour le rendre improbable.
C’est à ce jeu là que Kader Attou se frotte pour aborder sa nouvelle pièce chorégraphique. Des images nourries d’objets surréalistes offrent aux danseurs un espace ouvert aux chimères. Avec un humour qui lui est propre, le chorégraphe entraîne ces derniers dans une traversée onirique du monde qui nous entoure. Il en questionne les limites, les travers d’un enfermement sous la forme de variations, à l’instar d’un livre d’images animées. Mais il choisit de parler du monde en le rêvant, c’est sa façon à lui de le refaire.
De façon touchante et drôle, il sème l’illusion faisant appel à la part d’enfance qui est en nous, cultivant l’absurde et l’impossible. Entouré de complices, mais aussi de nouveaux danseurs réunis par leur qualité d’interprétation et leur virtuosité, Kader Attou livre un imaginaire ludique et sensible, légèrement mélancolique.
Allegria se veut avant tout une pièce joyeuse et tendre, comme un poème dansé à la vie.
First Piece from Allegria for the 30’s year anniversary of Accrorap Company. A magical moment !
PRESS
« Avec Kader Attou, le quotidien n’est jamais loin des étoiles. L’humour se lit dans la manière dont le chorégraphe organise les envolées et les retours sur terre. Et il n’en manque pas. En 1 h10, l’exultation monte comme une fièvre. Et quand Kader Attou entre sur la scène pour saluer, on crie au ciel que le bonheur existe.»
Ariane Bavelier, Le Figaro
"C’est la joie, l’excitation de la danse, du pur jet virtuose qui s’emballe et se renouvelle comme sans effort. Allegria, créé en 2017 par le chorégraphe hip-hop Kader Attou, porte merveilleusement son titre. L’énergie, la voracité du geste font galoper et courir plein pot les huit interprètes, tous des hommes, tous singuliers en chemise et pantalon. Présentée du 23 novembre au 5 décembre 2019 au Théâtre national de Chaillot, à Paris, la reprise de ce spectacle très réussi célébrait les 30 ans de la compagnie hip-hop Accrorap, fondée par Attou, directeur du Centre chorégraphique national de La Rochelle depuis 2008. Elle rappelait le cri de vitalité qu’est la danse hip-hop, son increvable ténacité à rester elle-même tout en se réinventant sans cesse.
Sur un plateau vide qui ne demande qu’à être électrisé par le mouvement, un cadre est planté comme une seconde scène surélevée. Théâtre dans le théâtre, il permet de jouer sur les niveaux, les plans, de faire défiler les interprètes comme happés par un tapis roulant. Sous influence du dessin animé, du cinéma, des jeux d’ombres, Allegria swingue et change d’humeur à toute allure. La fameuse valise, accessoire régulièrement convoqué dans les spectacles de Kader Attou pour raconter l’émigration, le nomadisme, l’incertitude d’un chez-soi, est une fois de plus au centre d’une séquence malicieuse qui donne son élan à cette pièce fougueuse. Un humour léger, qui flirte parfois avec le burlesque, va et vient, surfilant les relations entre les danseurs qui se défient, s’observent, s’amusent et s’enflamment.
De nombreux tableaux d’ensemble émaillent Allegria dont le charme tient beaucoup à ses huit interprètes. Ils composent une formidable équipe, se distinguant par leur physique et leur personnalité, leurs exploits acrobatiques aussi, sans jamais perdre de vue la cause commune de la pièce. Les ambiances se superposent sur des musiques variées, sons de cloches, airs d’accordéon, chants lyriques, piano, entrelacés par le compositeur Régis Baillet, propulsant le hip-hop dans une sphère spectaculaire suspendue. Sous la caméra de Mohamed Athamna, le dynamisme s’auréole d’une sorte de grâce, celle du plaisir de l’instant qui pourrait durer toute la nuit rien qu’à danser."
Rosita Boisseau, Le Monde
« Ce qu’il nous raconte n’est autre que le théâtre de la vie, avec ses ombres et ses lumières, ses moments où la nostalgie s’infiltre dans les gestes du quotidien, ses réminiscences et même parfois ses cauchemars. Sur une scénographie très ingénieuse de Camille Duchemin, ce monde imaginaire, clair et diaphane qui change au gré d’éclairages sophistiqués, se métamorphose en roman graphique.
La singularité de chacun des huit danseurs, de leur style, leur gestuelle radicalement personnelle, suffit à impulser un récit chorégraphique qui se structure à travers la rigueur de son écriture. De trouvailles scéniques en explorations d’un langage corporel au service de la chorégraphie, cette création marque une étape dans le travail de Kader Attou. Avec lui, le hip hop se fait plus léger que l’air, avec un zeste d’acrobatie qui vient nimber la performance des danseurs. Cette équipe, entièrement masculine, sait se faire tendre et fluide dans une danse flottant entre ciel et terre.
Mais surtout, Allegria est une pièce profondément humaine, en prise avec nos joies et nos travers, nos misères et nos peurs. Enchaînant solos et duos époustouflants de virtuosité, et danses de groupe finement construites dans un contrepoint léger, Allegria distille une danse disparate et unie, poétique et douce amère et prend facilement la tangente pour parler des choses graves avec l’air de ne pas y toucher. La petite marche des danseurs qui haussent les épaules comme pour braver avec humour la fatalité pourrait presque résumer le propos de la pièce. Au fond, tout ça va s’arranger, semblent-ils dire avec humour, bien ou mal c’est une autre affaire. »
Agnès Izrine, Danser Canal Historique
« Que de la joie, du plaisir, de l’excitation! Avec Allegria, la saveur est annoncée : gaieté et bonne humeur. Enraciné dans le quotidien et sa beauté modeste mais précieuse, ainsi que dans un travail affirmé entre les corps et des accessoires, ce spectacle trace sa route entre attention à l’autre et écriture virtuose. »
Rosita Boisseau, Télérama
« Allegria. Perfusion de simplicité, de joie forcément, de force et d’envie. Voici ce qu’on pourrait dire très rapidement du dernier spectacle de Kader Attou, présenté en ce moment au Théâtre national de Chaillot. Oui, vraiment, et on ressort tellement emporté et heureux après cette magie d’un peu plus d’une heure que souhaiter en dire plus terrifie, avec l’idée de manquer un superlatif, d’oublier un détail sur scène, un échange, un regard.
Tout se passe sur une scène vide et construite, une scénographie parfaite : un large espace retenu par un écran, une seconde scène en fait, un ailleurs si proche et nécessaire, sur lequel les hommes, les danseurs, vont aller, venir, et inversement. Ils sont huit. Différents, divers, nécessaires. Allegria débute sur une petite affaire sombre, une tentative de braquage de valise, jolie valise, sans doute dans un aéroport, une gare, allez savoir et peu importe. Le propriétaire se défend, les voleurs se suivent, et dans la salle nous sommes un peu surpris que la joie naisse d’un pareil événement. Oui, mais elle est déjà bel et bien là, bribes après bribes comme si d’infimes éclats s’envolaient pour changer le sujet, nous faire passer à autre chose. Et ces huit danseurs vont nous époustoufler. Des mouvements avec une dose surprenante de « réalité », comme liés à leur masse, leur force. Du costaud indiscernable, des échanges, des essais, des tentatives (« un bisou, allez ! »), des réussites ou des échauffourées, tout ceci inspiré ici ou là du roman graphique, du cinéma et du singspiel enchanté, tout ceci porté, transcrit, véhiculé, dans des éclats surprenants, par un hip-hop hallucinant. Le tout nous éclabousse de légende, nous perd dans un cirque tenace, vif, entraînant. De minis scènes se suivent sans se suivre, la construction étant si légère, rebondissante et sans aucun poids, petite sœur de billes dans un escalier plat.
Il ne faut absolument pas oublier la musique qui porte et soutient tout cela, à sa manière, musique de Régis Baillet – Diaphane. Plus que souple et ponctuée où il faut, comme il faut. Rien de sage ni de fade ici, rien de trop ni de pas assez. Soutient idéal. Neuvième danseur ? Sans aucun doute !
Allez, soyons raisonnable et faisons comme si : peut-être un brin (un tout minuscule brin) de longueur vers la fin, deux ou trois merveilles qui auraient pu être oubliées. Avant que les saluts explosent, nous ne vous diront pas comment, nous vous dirons juste qu’Allegria prouve que les talents rencontrés, lancés en l’air, ont ici reçu dix mille fois et à juste titre, celui d’Allegria.»
Nicolas Brizault, Un Fauteuil pour l'Orchestre
Photos : ©Laurent Philippe